Fiche de Vince

Tu pousses tes premiers cris le 29 mars 1988 à Honolulu, sur la belle île d’Hawaï. Tu aurais pu rêvé d’une enfance de rêve, bercé par le bruit des vagues, caché par l’ombre des palmiers et aimé par une famille, par ta famille. Mais il n’en était rien. Tout était bien loin de cela, malheureusement. Ta mère avait trompé son mari avec ton père, et tu étais le fruit de cette infidélité. Tu étais un enfant qui n’était pas voulu, et qui n’avait pas été gardé. On t’avait raconté cela bien plus tard, car, n’ayant que quelques semaines d’existence, tu étais évidemment beaucoup trop jeune pour t’en souvenir. Ta mère t’avait tout simplement mis dans les bras de ton père, lui apprenant ainsi que ce fils était le sien, et était partie en lui disant qu’il devait s’occuper de toi, et qu’elle ne voulait plus jamais vous revoir. C’est alors que tu pris l’avion pour la première fois, quittant cette belle île que tu ne reverrais plus jamais. Mais ce n’est pas pour autant que les galères s’arrêtaient pour toi, bien au contraire. Tu arrivais ainsi à Phoenix, lieu où habitait ton père, Hawaï n’étant qu’une simple résidence secondaire pour lui, jusqu’à ce qu’il ne revende sa maison peu de temps après ta naissance. Ce n’est pas pour autant que tu allais pouvoir vivre avec lui … Oh non. Lui aussi avait sa vie, lui aussi avait sa famille, et tu ne pouvais pas bouleverser brutalement tout cela. La seule solution qu’il avait trouvé, c’était de te placer dans un orphelinat, où tu passes donc les premières années de ton existence, les pires. Tu étais souvent isolé au départ, ayant du mal à te faire une place, car tu souhaitais retrouver ton père et ta mère, alors que l’on te disait que cela allait être impossible. Petit à petit, avec le temps, tu avais fini par te faire quelques amis, dont le petit Tom avec qui tu partageais le lit superposé dans le dortoir. Malgré tout, cette envie de savoir qui t’avait mis au monde te rongeait, et te ronge encore en partie aujourd’hui ...

Tu as huit ans aujourd’hui, pour ton anniversaire, et, pour la première fois de ta vie, tu allais pouvoir parler avec ton papa. Tu avais passé des mois et des mois à batailler auprès d’un membre du personnel de l’orphelinat, et celui-ci avait fini par accepter de t’aider à retrouver tes parents. Il faut dire qu’il n’avait pas forcément eu le choix en même temps. Il avait fini par retrouver la trace de ton père, qui habitait toujours à Phoenix, et ce dernier avait accepté de te rencontrer. Tu avais dit au revoir au petit Tom, avant de monter dans la voiture de celui qui t’avait aider à le retrouver. Plus tu t’éloignais de l’orphelinat, et plus le stress montait en toi. Arrivé devant le domicile - un domicile suffisamment grand pour accueillir tous les membres de l’orphelinat - tu prenais la main de l’homme qui t’avait aidé, alors qu’il te rassurait. Quand ton père ouvrait la porte, instinctivement, tu te mettais à courir pour venir dans ses bras. Tu sentais déjà sa présence réconfortante quand il venait t’entourer de ses bras. Tout le reste de l’après-midi, tu étais resté près de lui, ne lâchant jamais son regard alors qu’il t’expliquait pourquoi il avait fait ça, qu’il te racontait ce qu’il s’était passé alors que tu n’avais que quelques semaines. Il te disait aussi que beaucoup de choses avait changé pour lui, et qu’il avait dû divorcer. Finalement, alors que le soleil brûlant de l’Arizona commençait à disparaître. Tu t’apprêtais à retourner à l’orphelinat, retrouver le petit Tom, mais ton père t’arrêtait, alors qu’il était prêt du téléphone fixe et qu’il appelait pour dire qu’il avait décidé de te garder. Tu ne retournas jamais à l’orphelinat, tu n’as jamais pu dire adieu au petit Tom ou remercier la personne qui t’avait offert le plus beau cadeau d’anniversaire que tu n’as jamais eu : retrouver ton père. A partir de ce moment-là, tu vécus avec lui à Phoenix pendant de longues années, jusqu’à ce que vous partiez pour New York pour son travail, à l’aube d’un nouveau millénaire.


Un nouveau siècle, un nouveau millénaire venait de commencer, et pour toi, c’était le début d’une nouvelle vie, d’une nouvelle ville. Tu n’as pas forcément eu beaucoup de difficultés pour t’habituer à la vie new-yorkaise. Cela ressemblait beaucoup à ce que tu avais pu connaître à Phoenix. C’est juste que tout était beaucoup plus grand, et beaucoup plus impressionnant que ce que tu avais pu connaître. Ton parcours scolaire se passait plutôt normalement, tu n’avais pas de difficultés, mais tu n’étais pas studieux non plus. Tu étais une personne dans la moyenne, et cela te convenait très bien. Tu n’avais pas de problèmes, et tu ne posais pas de problèmes. Tu ne changeais que très peu à cette période, la seule chose qui changeait étant tes vêtements, puisque tu devenais beaucoup plus adulte, en laissant notamment pousser ta barbe. De quoi connaître simplement les premiers flirts, mais cela n’était pas forcément quelque chose qui t’intéressait plus que ça. Les choses allaient cependant changer pour toi en arrivant au lycée. Tu allais rentrer dans un jeu qui ne faisait que s’accentuer, encore et encore. Avec cette fille qui était dans ta classe, Magdalena. Tu ne pouvais tout simplement pas la voir, et elle ne pouvait pas te voir non plus. Vous passiez votre temps à vous envoyer des piques et à balancer des rumeurs aussi grossières les unes que les autres. Mais cela te faisait rire, même si cela te blessait aussi parfois, car certaines personnes croyaient à ce que vous pouviez dire. Mais cela ne t’empêchait pas d’arrêter, car tu ne voulais pas lui laisser le dernier mot. Tu étais prêt à prendre tous les risques possibles pour gagner cette petite “guerre” entre vous deux, même si cela avait duré pendant des mois et des mois. Cependant, tu ne t’étais absolument pas attendu à ce que cela se termine de cette manière … Une réelle surprise, un véritable retournement de situation, mais qui te plaisait énormément.

C’est le genre de moment dont on se souvient tous les jours dans une vie. Le genre de chose que l’on ne peut pas oublier. Tu te souviens encore du moment où tu es rentré dans le vestiaire de la salle de sport, alors que tu recherchais Magdalena. Tu te souviens encore du moment où tu la voyais assise, complètement en larme. Tu te souviens encore du moment où tu l’avais réconforté, où tu avais montré qui tu étais réellement, que tu n’étais pas une personne qui était là pour uniquement lancer des piques et des vacheries. Tu as montré que tu étais quelqu’un d’humain et de compréhensif, qui savait être à l’écoute et réconforter ceux qui en avait besoin. Tu as montré que tu savais faire la part des choses, et que ces piques n’étaient qu’un jeu. Cela a mis fin à tout cela, vous êtes devenus des amis. Puis des sentiments sont apparus, et vous avez fini par devenir un couple, à la plus grande surprise de tous. Mais Magdalena était devenue la femme de ta vie, et c’est naturellement que vous aviez emménagé ensemble, puis que vous vous étiez mariés, et vous avez eu un enfant. Tout se passait pour le mieux du monde, car tu avais ta petite famille et un métier qui te plaisait. Tu ne pouvais pas rêver plus simple, mais tu ne pouvais pas rêver mieux. Tout était si parfait que tu ne pouvais pas rêver mieux. Et pourtant, dans un mariage, on disait “pour le meilleur et pour le pire”, et vous alliez connaître tous les deux le pire. Tout était trop beau pour que rien ne se passe …


Cela devait être une journée normale. Tu avais embrassé Magdalena avant de partir, ainsi que ton petit bout. Tu devais cependant intervenir dans le cadre d’un incendie. Tu arrivais rapidement sur place avec ton coéquipier et d’autres personnes. Tu le suivais sur la grande échelle, alors que tu avais la lance sur l’épaule pour pouvoir maîtriser les flammes. Tu n’en auras jamais l’occasion cependant. Alors que vous étiez tous les deux à mi-chemin sur l’échelle, une explosion a lieu à cause d’une fuite de gaz, et les flammes sortent violemment de la fenêtre. La puissance du choc vous fait tous les deux partir en arrière, loin de l’échelle. Tu retombes brutalement, alors que ta tête frappe sur le sol, et tu es immédiatement inconscient alors que tes collègues viennent immédiatement se mettre à tes côtés pour voir comment tu vas. Tu apprendras à ton réveil que ton coéquipier n’a pas survécu à la hauteur de la chute, car il est tombé tête la première, et est mort presque sur le coup. Cela te traumatisera pour le restant de tes jours, car tu sais que tu aurais pu être à sa place, que tu aurais pu disparaître de ce monde. Tu seras dans le coma pendant de longs mois, pour le début d’un long cauchemar, pour toi et pour toutes les personnes qui sont proches de toi. Magdalena la première. A ton réveil, tu n’as plus aucun souvenir de ce qui a pu se passer ces dernières années. Tu n’as aucun souvenir du changement qui a pu se passer il y a quelques années. Pour toi, tu es encore à l’époque du lycée, à l’époque où tu détestais Magdalena. Tu n’as aucun souvenir des derniers évènements. Tu es incapable de croire ce que l’on t’a dit, tu es incapable de penser que tu as pu l’aimer, tout simplement … Tout est flou dans ta tête, même si tu as des petits flashs par moment, tu restes quand même un peu perdu. Tu as repris ton activité par intermittence, même si cela est difficile encore aujourd’hui, car tu imagines ce qui a pu se passer, et cela te secoue encore énormément ...